On dit souvent que l'être humain déteste le changement.
C'est une idée très répandue et pourtant jamais prouvée scientifiquement.
D'ailleurs, si l'être humain détestais le changement de manière aussi simple, je ne serais pas en train d'écrire ce texte. Je n'existerais pas et l'humanité serait composée de quelques groupes vivant tranquillement de chasse et de cueillette. (Ce qui ne serait peut-être pas plus mal, mais c’est une autre histoire)
L'être humain aime le changement. Nous sommes curieux·ses, aventureux·ses, prêt·es à toutes les expérimentations, toutes les explorations.
Simplement, parfois, nous avons besoin du repos d'un monde connu, de notre routine confortable, pour nous apaiser.
Et puis l'ennui arrive et hop, on veut de la nouveauté.
J'ai toujours aimé les pages blanches.
En bonne élève que j'étais, j'attendais la rentrée avec impatience, uniquement pour ouvrir des cahiers neufs et y faire glisser la pointe d'un stylo tout aussi nouveau.
Le charme ne durait pas, mais se renouvelait chaque année.
J'ai gardé ce goût.
Celui des carnets et des stylos, comme celui de commencer des choses nouvelles, de découvrir, de tester.
Avoir la sensation enivrante de repartir de zéro.
Repartir de zéro, à la fois merveilleux et terriblement flippant.
Ne pas savoir ce qui sera, quelle angoisse et quelle extase.
Avoir la sensation qu'on va pouvoir effacer tout ce que l'on ne souhaite pas garder. Et conserver le reste pour le sublimer.
Evidemment, ça ne marche pas ainsi, n'en déplaise aux chantres de « la meilleure version de soi-même ».
Repartir de zéro, c'est s'autoriser à rêver grand, à imaginer que tout est possible. C'est aussi accepter de fermer des portes, de dire au-revoir à des personnes et des habitudes. C'est aussi et surtout savoir que l'on ne repart jamais vraiment de zéro.
On emporte avec soi son histoire et tout un tas d'éléments sur lesquels on n'a aucun pouvoir.
Mais cela n'empêche pas de sauter à nouveau dans le vide.
J'ai beaucoup déménagé dans ma vie, 13 fois. Enfant, étudiante, adulte. Seule ou en famille. Et, à chaque fois, le plus compliqué pour moi c'est de me mettre en relations avec les autres. De créer des liens, qu'ils soient de simple voisinage ou amicalement intenses.
J'ai besoin de temps, de prendre mes marques. Je me suis rendu compte que j'aimais bien cette période, ce temps entre-deux, quand tout reste à découvrir.
J'ai toujours de bonnes surprises, et des moins bonnes aussi évidemment.
Mais ce qui est certain, c'est qu'à chaque fois j'ai été étonnée.
Etonnée de rentrer en lien avec des personnes dont je n'aurais jamais cru qu'elles pourraient m'intéresser (ou que moi, je pourrais les intéresser). Etonnée des rencontres improbables, même au fin fond d'une forêt (surtout au fin fond d'une forêt ^^). Etonnée et ravie, malgré les tumultes émotionnels que toute cette nouveauté ne manque pas de provoquer en moi.
Finalement, c'est ce que je fais aujourd'hui avec Clandestine. En migrant sur cette plateforme, certes j'emporte avec moi mes fidèles lecteur·ices (merci, merci encore, je ne le dirai jamais trop, I Love U all), mais j'espère aussi « attirer » de nouvelles personnes.
Ici, je ne repars pas de zéro, puisque vous êtes là, puisque ma plume est toujours vaillante, puisque j'en profiterai pour archiver toutes mes anciennes newsletters, petit à petit.
Et pourtant je repars de zéro, avec une flamme qui brûle à nouveau, avec l'envie de me remettre à écrire beaucoup, souvent.
Allez, c'est parti !